Monday, June 22, 2015

Marco Casagrande - concepteur par accidents

EK / Charlotte Fauve:

Vitrine de la recherche sur les milieux habités, le Global Award for Sustainable Architecture distingue chaque printemps cinq personnalités à l’avantgarde de l’architecture. En 2015, le jury présidé par Jana Revedin s’est donné pour la première fois une thématique comme guide : la liberté de pensée. Ce choix marque la mutation d’un prix qui, depuis sa création en 2006 pour promouvoir la construction écologique, suit l’évolution des préoccupations environnementales. Si le développement durable était hier méconnu, il est aujourd’hui consensuel. Au manque de visibilité s’ensuit donc la nécessité d’un approfondissement, comme l’explique Marie-Hélène Contal, directrice du développement culturel de la Cité de l'architecture et du patrimoine, partenaire de la récompense : «Observatoire, le Global Award va désormais explorer chaque année un champ particulier dans la chaîne de complexités. Le débat doit progresser et il faut repérer et soutenir ceux qui s’engagent. » Le palmarès 2015 fait donc la part belle aux esprits hardis, qu’ils soient jeunes rebelles, comme l’Espagnol Santiago Cirugeda, guérillero urbain moqueur, ou grands précurseurs, tel le Danois Jan Gehl, critique engagé de la vie urbaine. Car la liberté de pensée est plurielle, et chacun l’exerce à sa manière, qu’il renonce au territoire vu d’en haut pour celui que dessine le regard des habitants, ou fasse acte de désobéissance pour restaurer l’harmonie du monde. Ces récompenses rendent également tangible le changement des pratiques architecturales. Ainsi, des ateliers de l’école de Talca au Chili aux expérimentations du Finlandais Marco Casagrande à Taiwan, les students workshops qui feurissent sur la planète aident une nouvelle génération de tempéraments affranchis à s’exprimer.


Le Finlandais Marco Casagrande a une collègue architecte : la nature ! «Sa seule loi, explique-t-il, c’est d’exister au maximum. Elle arrive même à se nourrir de nos constructions ! » En créant le Casagrande Laboratory, ce maître d’œuvre fasciné par les accidents constructifs tente de prédire le devenir des cités postindustrielles. Ces « villes de la troisième génération», comme il aime les nommer, s’y décomposent sous l’action conjuguée de la nature et des cultures populaires, à l’image de Treasure Hill, quartier précaire mais si parfaitement durable de Taipei, à Taiwan, que Marco Casagrande réactive grâce à une démarche d’acupuncture urbaine. Des recherches qu’il poursuit ensuite, toujours à Taipei, en y transformant un immeuble délaissé en «ultra-ruine ». Murs et fenêtres abattus, parois trouées de toute part, cette «Ruin Academy » devient lieu d’étude en même temps que résidence d’artistes et d’architectes. Idem pour cette ferme abandonnée, jungle urbaine qu’il change en atelier. Un concept qu’il prolonge aujourd’hui à grande échelle avec Paracity, une ossature en lamellé-collé qu’il s’imagine greffer sur les décombres d’une métropole. Le bio-urbanisme est né ! 

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